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Friday, June 8, 2007

***Le G8 enterre le protocole de Kyoto***


***En s'engageant à réduire de 50 % les émissions de CO2 d'ici à 2050 selon des termes largement fixés par les Etats-UNis, les participants au sommet d'Heiligendamm s'éloignent du cadre fixé par l'ONU pour lutter contre le réchauffement de la planète, estime The Independent.

Les médias britanniques semblent avoir adopté un point de vue dangereusement eurocentrique sur le problème du réchauffement climatique. Le week-end dernier, un article de Geoffrey Lean, éminent journaliste et spécialiste de l'environnement, était titré : "Le monde doit isoler Bush sur la question du réchauffement climatique". En réalité, comme on a pu le voir lors du sommet du G8, c'est Bush qui a isolé l'Europe dans ce débat. Le Canada, la Chine et même le Japon ont montré un vif intérêt pour les propositions du président américain de contourner les Nations unies et d'organiser une série de réunions multilatérales – sous l'égide des Etats-Unis – afin de s'accorder sur des objectifs raisonnables de réduction des émissions de CO2.

Cette manœuvre – véritable camouflet diplomatique pour Angela Merkel – était pourtant prévisible. Depuis quelque temps, les Américains et les principaux pays émetteurs de CO2 ont engagé des négociations d'un tout autre type que le protocole de Kyoto. Ce processus porte aussi un nom, même s'il est peu connu : c'est le Partenariat Asie-Pacifique pour le développement propre et le climat. Il retient globalement les solutions avancées par les Etats-Unis et fondées sur la technologie plutôt que les taxes et les limitations de rejet de CO2. Le partenariat s'intéresse davantage aux nouvelles formes d'efficacité énergétique comme le "charbon propre" et les piles à combustible.

Les Européens ont peut-être été surpris de voir le pays qui avait accueilli la conférence de Kyoto soutenir les Etats-Unis. C'est à cause de la Chine. Si un pays se sent menacé par la concurrence chinoise, c'est bien le Japon. Alors que la République populaire est devenue un géant économique et est en passe de devenir le premier émetteur de CO2 au monde, il est hors de question pour le Japon de souscrire à une politique qui ferait grimper sa facture énergétique tout en laissant la Chine libre de faire ce qu'elle veut, ce qui était le cas avec le protocole de Kyoto.

Tony Blair, qui s'est déclaré attaché au protocole de Kyoto, a montré, la veille du sommet, qu'il était conscient des véritables enjeux : "Il y a deux contraintes politiques. Premièrement, les Etats-Unis ne signeront aucun accord global si la Chine n'en fait pas partie. Deuxièmement, la Chine ne signera aucun texte susceptible de ralentir sa croissance économique. Si l'on ne parvient pas à faire entrer ces deux acteurs dans les négociations, nous retournerons à un processus semblable à celui de Kyoto, qui débouchera peut-être sur un accord mais qui n'engagera pas les principaux pollueurs."

A Heiligendamm, l'objectif fixé par les Européens ne se mesurait pas en termes de réduction des émissions de carbone mais de température. Leur mot d'ordre était : "Nous devons limiter le réchauffement climatique à 2 °C". Le communiqué publié le 7 juin ne comporte pourtant aucune limite de température. Il précise simplement que le G8 va "prendre en compte sérieusement l'objectif de 50 % de réduction des gaz à effet de serre d'ici à 2050". Et moi, tous les 1er janvier, je compte sérieusement me mettre au régime. Au lieu de ranimer le protocole de Kyoto, le sommet du G8 vient de l'enterrer.

Dominic Lawson
The Independent
Courrier International

*Photo : DR

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