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Saturday, June 2, 2007

*Répétition générale des anti-G8 à Rostock*


*** À quatre jours du sommet annuel du G8, une première manifestation de masse pourrait réunir cent mille participants aujourd'hui.

LE COUP D'ENVOI d'une semaine de protestations, voire de violences, sera donné aujourd'hui à Rostock. À une quinzaine de kilomètres de Heiligendamm, l'endroit où les dirigeants du G8 se réuniront mercredi prochain, les 200 000 habitants de la paisible ville hanséatique risquent de se trouver nez à nez avec 100 000 manifestants. Comme si un million de personnes supplémentaires déferlaient sur Paris intra muros.

Le chiffre de 100 000 est celui escompté par les organisateurs de ce meeting. Les forces de l'ordre attendent de voir. « Nous sommes tout à fait décontractés », affirme Knut Abramowski, l'homme chargé de coordonner l'action des 16 000 policiers. À son sens, les altermondialistes d'Allemagne et d'une série de pays d'Europe entendent exprimer « pacifiquement » leur réprobation du G8. Et « s'il devait y avoir des excès, la police est fin prête », assure-t-il dans une interview au journal Die Welt.

Certains pourtant se méfient. Un grand magasin situé sur le chemin du défilé a pris soin de barricader ses vitrines. Tout comme plusieurs petits commerçants. « Tous ne viennent pas animés par de bonnes intentions », assure l'un d'eux.

L'alliance des protestataires est multicolore et multiculturelle. L'un de ses fers de lance est le mouvement altermondialiste Attac, très présent en Allemagne avec quelque 17 000 membres répartis dans 250 organisations locales. « Ce n'est pas de nous que viendra la violence », assure Peter Wahl, un des fondateurs. Cela vaut sans doute aussi pour les pacifistes chrétiens de Pax Christi, les syndicalistes de différentes mouvances, les Verts, les hippies modernisés et les babas cool d'antan.

C'est plutôt l'extrême gauche militante qui inquiète les forces de l'ordre. Celle qui, dans l'évaluation de l'Office pour la protection de la Constitution, l'équivalent de la DST, prône « le dépassement révolutionnaire de notre système social ». Au nom d'une « gauche interventionniste », Christoph Kleine préconise certes la « désobéissance civile » en signe de protestation contre les Bush, Merkel, Poutine et Sarkozy de cette planète. Mais il se refuse à « condamner à l'avance des gens à qui il arrive de riposter à une action de police ».

Crainte de heurts avec l'extrême-droite

Autre source de tension, aujourd'hui, une manifestation de l'extrême droite à Schwerin, la capitale du Mecklembourg. Le défilé du parti néonazi NPD a dans un premier temps été banni par la mairie à la demande de la police qui craignait des heurts avec l'« alliance antifasciste » locale. Il a pourtant été autorisé hier par une instance supérieure, quoique sur un trajet moins central. L'affrontement est loin d'être terminé, car les deux parties ont fait appel de cette décision qui pourrait être confirmée ou invalidée ce matin seulement.

Un va-et-vient juridique analogue est en cours à propos de la liberté de manifester aux alentours immédiats du sommet, au pied du mur métallique spécialement dressé pour abriter les participants du monde extérieur. La cour administrative de Schwerin a d'abord jugé excessif le choix de la police d'éloigner les manifestants de quatre ou cinq km de cette enceinte. La police a obtenu gain de cause en appel. Les chefs de file de la contestation entendent maintenant saisir la Cour constitutionnelle de Karlsruhe, pour un résultat incertain.

Derrière le grillage surmonté de barbelés qui n'a pas arrêté de faire jaser dans un pays naguère séparé par un vrai mur, les préparatifs vont bon train. Devant aussi. Les contrôles sur les routes d'accès sont en place. Les manifestants commencent à affluer. Et Heiligendamm retient son souffle.

Le Figaro
De notre correspondant à Berlin PIERRE BOCEV.
Publié le 02 juin 2007

*Photo : Une bannière anti-G8 a été apposée sur une portion du grillage métallique spécialement dressé pour isoler les participants au sommet.
Fritz Reiss/AP.

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