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Monday, August 13, 2007

*Nicolas Sarkozy a déjà conquis les Américains*


*** Républicains et démocrates saluent son énergie et sa volonté de changement.

ON AURAIT pu s'émerveiller devant le privilège : Nicolas Sarkozy est, en sept ans de présidence de George W. Bush, seulement le deuxième chef d'état à être invité à Kennebunkport, la propriété des parents du président américain. Au lieu de quoi, chaque partie semble s'être forcée à minimiser l'importance du déjeuner prévu ce samedi. D'abord, Nicolas Sarkozy qui soulignait la semaine dernière que sa visite à George W. Bush n'était pas la raison de ses vacances dans le New Hamsphire. Ensuite, le porte-parole de la Maison-Blanche Tony Snow qui a répété à deux reprises qu'il s'agissait d'une invitation « de Mme Bush à Mme Sarkozy », alors que le président français était « dans les environs ».

« Il a certainement choisi un bon pays pour ses vacances, non ? », a plaisanté le porte-parole auprès de la presse américaine. « La Maison-Blanche est certainement euphorique », fait valoir Phil Gordon, analyste des relations américano-européennes à la Brookings Institution. « Vous vous rendez compte ? À un moment où ils ont l'impression que plus personne ne les aime, le président d'un pays réputé anti-américain vient ostensiblement passer ses vacances aux États-Unis... »

Dédain des élites et de l'intellectualisme, vélo et course à pied, Nicolas Sarkozy et George Bush ont certainement des points communs, y compris les mots musclés. Le New York Times a même comparé le « racaille » de Sarkozy au célèbre « venez vous battre » (« bring'em on ») lancé par George Bush aux terroristes il y a quatre ans.

Mais plus que leurs personnalités, c'est d'abord le climat général qui rapproche les deux pays. « L'Amérique est beaucoup moins disposée pour l'unilatéralisme qu'il y a cinq ans, souligne l'ancien ambassadeur américain à Paris Felix Rohatyn, les deux pays ont bien plus besoin l'un de l'autre. »

Aux États-Unis, Nicolas Sarkozy a d'abord la qualité de ne pas être Jacques Chirac. Entre l'ancien président français et George Bush, le courant n'est jamais passé. « Le gouvernement américain s'était habitué à ce que Chirac soit systématiquement en désaccord avec lui pendant six ans, observe Phil Gordon. Sarkozy est perçu comme quelqu'un qui aura peut-être des désaccords avec les États-Unis mais n'en fera pas une affaire de principe. »

« Un Américain à Paris »

Avant même ses vacances en Nouvelle-Angleterre, Sarkozy avait une réputation américanophile. « Un Américain à Paris », titrait l'éditorial du New York Sun après sa victoire. De l'image du fils d'immigré qui accède à la présidence à son insistance sur le travail, Sarkozy semble culturellement compatible avec le rêve américain. C'est un homme qui « proclame ouvertement son amour d'Ernest Hemingway, de Steve McQueen et de Sylvester Stallone, son admiration pour l'éthique professionnelle américaine et il croit en la mobilité sociale verticale », a rappelé le New York Times. Le nouveau président français a conquis beaucoup de journalistes américains. L'hebdomadaire US World & News Report décrit un homme « confiant, exubérant, dynamique. En un mot, moderne ». Le mensuel Vanity Fair l'a placé dans sa liste des personnes les mieux habillées.

Exemple français

« À certains égards, Sarkozy me rappelle un peu Kennedy, va même jusqu'à dire Felix Rohatyn. La vigueur avec laquelle il cherche des réponses et ses discours dans lesquels il parle du travail me font un peu penser au»Ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous. Demandez ce que vous pouvez faire pour votre pays* de Kennedy. » Il voit aussi un point de comparaison entre la nomination de républicains dans le gouvernement de JFK et celle de socialistes dans l'équipe de Sarkozy.

Aux États-Unis, même des personnalités de gauche ont apprécié les choix de Bernard Kouchner et Dominique Strauss Kahn. « Il n'y a pas de métaphore américaine exacte, mais imaginez que Bush ait poussé un célèbre démocrate de gauche - peut-être Al Gore ou John Kerry - pour diriger la banque mondiale », a expliqué le chroniqueur de gauche E. J. Dionne dans le Washington Post, invitant le président américain à s'inspirer de cet exemple français.

À droite, Newt Gingrich, prétendant potentiel à la Maison-Blanche en 2008, a invité les républicains à copier la façon dont Sarkozy « a réussi à être le candidat du changement », seule voie possible selon lui pour sa famille politique en 2008.

Autre source de confiance a priori en l'équipe Sarkozy, le rôle de conseiller diplomatique accordé à Jean-David Levitte, l'ancien ambassadeur français, coqueluche des cercles politiques américains. Washington préfère de loin un binôme Sarkozy-Levitte à un duo Chirac-Villepin.

De notre envoyée spéciale à Kennebunkport
GUILLEMETTE FAURE.
Publié le 11 août
Le Figaro

*Photo : Le président français Nicolas Sarkozy et le président américain George W. Bush en septembre 2006.
Hewitt/AP.

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