*HUB «DIGITAL DIPLOMACY» «DIPLOMATIE NUMERIQUE»* BY MORGANE BRAVO

Wednesday, September 26, 2007

*Allocution de M. Nicolas SARKOZY, Président de la République, devant l'Assemblée générale de l'ONU*


***Nations unies, New York, le 25 septembre 2007

Mesdames et Messieurs les chefs d'Etat et de gouvernement,

Mesdames et Messieurs,

J'adresse à tous les peuples que vous représentez le salut fraternel de la France.

Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies,

Votre responsabilité est immense. La France vous fait confiance.

C'est la première fois que je m'exprime au nom de la France à cette tribune. Il s'agit pour moi d'un instant solennel, d'un instant émouvant. Je ne peux m'empêcher de penser à tous ces hommes, avant nous tous, et toutes ces femmes qui, dans un des moments les plus tragiques pour l'humanité, où le monde risquait de sombrer dans la barbarie, des femmes et des hommes, trouvant cette fatalité insupportable, ont su opposer à la force, à la violence, à la barbarie, la justice et la paix.

C'est alors que naquit l'Organisation des Nations Unies.

L'Organisation des Nations Unies, Monsieur le Secrétaire Général, Mesdames, Messieurs, ce n'est pas une simple construction politique, ce n'est pas une simple construction juridique, c'est. un réveil de la conscience humaine contre tout ce qui menace de détruire l'humanité.

Je n'ai jamais cru que l'ONU pourrait un jour extirper la violence qui est dans l'Homme. Mais ce que je sais au plus profond de moi c'est malgré tous ses échecs, sans l'ONU, nous n'aurions jamais pu mettre un terme à des conflits qui paraissaient sans issue. Souvenez-vous, Mesdames et Messieurs, le génocide du Cambodge, ce peuple martyrisé par ses bourreaux, l'indépendance de la Namibie, l'indépendance de Timor. Regardez la région des Grands Lacs et en Afrique de l'Ouest. Et sans l'ONU le monde aurait peut-être connu une troisième guerre mondiale sans doute plus effroyable encore que les deux précédentes.

La France est convaincue que l'ONU est le seul remède que nous ayons à dresser contre l'aveuglement et la folie qui parfois s'emparent des hommes.

Le message que je veux vous adresser au nom de la France est simple : dans ce monde où le sort de chacun de nous dépend de celui des autres, l'ONU ne doit pas être affaiblie, l'ONU doit être renforcée. Et la réforme de l'ONU pour l'adapter aux réalités de ce monde est, pour la France, une priorité absolue. Nous n'avons pas le temps d'attendre.

C'est à l'échelle planétaire qu'il faut poser et résoudre les problèmes du monde.

Personne sur la Terre ne peut se mettre tout seul à l'abri des conséquences du réchauffement climatique, du choc des civilisations, des grandes épidémies.

Contre les égoïsmes, contre les fanatismes, contre la haine, nous avons le devoir de renouveler l'appel à la conscience universelle qui a déjà permis que pour la première fois dans l'Histoire tous les peuples du monde, toutes les nations acceptent de se réunir dans une enceinte commune pour se parler par-delà tout ce qui nous divise.

Cet appel à la conscience universelle, c'est un appel à la paix.

C'est un appel à l'ouverture.

C'est un appel à la diversité.

C'est un appel à la responsabilité.

Et c'est un appel à la justice.

La France a toujours cherché à être plus grande pour les hommes que pour elle-même.

La France comme toutes les nations a, au cours de sa longue histoire, commis des erreurs et même parfois des fautes. Mais le peuple français a toujours choisi le camp de la liberté et celui de la démocratie.

La France est fidèle à ses amis et aux valeurs qu'elle partage avec eux. Mais la France veut dire que cette fidélité n'est pas une soumission, cette fidélité n'est pas un enfermement. Cette fidélité, la France veut la mettre au service de l'ouverture aux autres.

Je veux dire au monde que la France restera disponible pour parler avec chacun dans le monde, sur tous les continents.

Je veux dire aussi que l'ouverture n'est pas la démission,que la compréhension ce n'est pas la faiblesse. La faiblesse et la démission ne sont pas des facteurs de paix mais des facteurs de guerre. La France et l'Europe en ont éprouvé jadis les conséquences tragiques pour elles-mêmes et pour le monde. Quand on est faible et soumis, alors on se prépare à accepter la guerre. Et nous avons tous le devoir de faire en sorte que cela ne recommence jamais.

Il n'y aura pas de paix dans le monde si la communauté internationale transige avec le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et avec les droits de l'homme.

Il n'y aura pas de paix dans le monde si la communauté internationale n'a pas une volonté farouche de lutter contre le terrorisme.

Il n'y aura pas de paix dans le monde si la communauté internationale n'est pas unie dans la volonté d'en finir avec les guerres au Moyen-Orient, dans la volonté d'en finir avec l'horreur du Darfour, avec la tragédie libanaise ou avec le drame humanitaire de la Somalie.

Je veux le dire en pesant mes mots, il n'y aura pas de paix dans le monde si la communauté internationale fait preuve de faiblesse face à la prolifération des armements nucléaires. L'Iran a droit à l'énergie nucléaire à des fins civiles. Mais en laissant l'Iran se doter de l'arme nucléaire, nous ferions courir un risque inacceptable à la stabilité de la région et à la stabilité du monde. Je veux dire au nom de la France que cette crise ne sera résolue que si la fermeté et le dialogue vont de pair.

C'est dans cet esprit que la France agira.

Je veux dire, au nom de la France, qu'à la volonté de puissance qui sans cesse menace de rompre l'équilibre si fragile de la paix, la communauté internationale a le devoir d'opposer son unité sans faille et sa détermination à faire prévaloir le droit.

Je veux dire au nom de la France qu'il n'y aura pas de paix dans le monde sans le respect de la diversité, sans le respect des identités nationales, sans le respect, -j'ose le mot, -des religions et des croyances, sans le respect des cultures.

L'attachement à sa foi, à son identité, à sa langue, à sa culture, à une façon de vivre, de penser, de croire, c'est légitime et c'est profondément humain. Le nier, c'est nourrir l'humiliation. Ce serait donner raison au nationalisme, au fanatisme, au terrorisme.

On n'évitera pas le choc des civilisations en imposant à tous les peuples de penser et de croire la même chose. La France entend poursuivre avec tous les hommes de bonne volonté le combat pour construire le nouvel ordre mondial du XXIe siècle. Nous voulons un Liban qui puisse vivre indépendant et nous disons que la France sera toujours aux côtés du Liban dans sa volonté d'indépendance

Nous voulons que demain Israéliens et Palestiniens trouvent en eux-mêmes la force de vivre en paix. La paix est possible. Elle est possible maintenant et nous y mettrons toute notre énergie.

Nous voulons la coexistence pacifique des grandes religions pour vaincre les intégrismes et les fanatismes.

Mais je veux dire avec gravité qu'il y a trop d'injustices dans le monde pour que le monde puisse espérer vivre en paix.

Les fondateurs de l'ONU savaient qu'on lit l'avenir du monde dans le regard de l'enfant martyrisé, de l'enfant qui a faim, de l'enfant qui voit ses parents humiliés, de l'enfant qui depuis sa naissance n'a connu que la guerre, de l'enfant qu'on a arraché à sa maison, à sa patrie, à sa famille.

Parce que dans le regard désespéré de cet enfant là, il n'y a pas simplement de la souffrance, il y a toutes les guerres, toutes les révoltes qui demain ensanglanteront le monde.

Regardons notre monde tel qu'il est. Regardons ce que nous en avons fait.

Avons-nous assez voulu que notre monde devienne plus juste ?

La réponse est non.

Avons-nous assez agi pour cette justice ? La réponse c'est non

Lorsque le mur de Berlin est tombé, nous avons tous rêvé que l'histoire cesserait d'être tragique.

Regardons notre monde tel qu'il est afin de le rendre meilleur Jugeons notre monde à l'aune de la justice.

La justice c'est que les Palestiniens retrouvent un pays, et construise un Etat.

La justice c'est que le peuple israélien ait le droit de vivre en sécurité.

La justice c'est que le peuple libanais retrouve sa liberté.

La justice c'est que le peuple irakien dans sa diversité trouve en lui-même le chemin de la réconciliation, et de la démocratie.

La justice c'est que le pays en développement auquel on voudrait imposer des règles environnementales alors que les habitants ont à peine de quoi manger soit aidé pour les mettre en place.

La justice c'est qu'on ne puisse pas exploiter les ressources d'un pays sans en payer le juste prix.

Regardons notre monde en face. Jamais il n'y a eu autant de phénomènes de rente qui concentrent autant de profits sur quelques grands groupes.

Il y a dans le monde et jusque dans les pays les plus riches, une multitude d'hommes et de femmes, qui même plus l'espoir de sortir un jour de leur détresse matérielle et morale.

Alors pour terminer, je veux m'adresser à la conscience de tous ceux qui ont une responsabilité dans la conduite des affaires du monde.

Parce que si nous ne le faisons pas, les pauvres et les exploités se révolteront un jour contre l'injustice qui leur est faite

C'est d'un nouvel état d'esprit dont le monde a besoin.

C'est un véritable New Deal à l'échelle planétaire qui est nécessaire.

Un New Deal écologique et économique.

Au nom de la France, j'appelle tous les Etats à se réunir pour fonder le nouvel ordre mondial du 21ème siècle sur cette idée forte que les biens communs de l'humanité doivent être placés sous la responsabilité de l'humanité toute entière.

Au nom de la France, je lance un appel solennel aux Nations Unies pour que, dans ce siècle marqué par le retour de la rareté, elles se donnent les moyens d'assurer à tous les hommes à travers le monde l'accès aux ressources vitales, de l'eau, de l'énergie, de l'alimentation, des médicaments, et de la connaissance.

Je lance un appel solennel aux Nations Unies pour qu'elles prennent en main la question d'une plus juste répartition des profits, de la rente des matières premières, des rentes technologiques.

Je lance un appel solennel aux Nations Unies pour qu'elles prennent en main la moralisation du capitalisme financier.


Je lance un appel aux Nations Unies pour aller plus loin dans la lutte contre la corruption qui mine des pays qui souffrent et qui sont trop pauvres.

Mesdames et Messieurs,

Il faut que les choses changent, que les mentalités changent, que les comportements changent. C'est notre responsabilité. C'est notre responsabilité maintenant parce que demain il sera trop tard, parce que sinon nous verrons ressurgir toutes les menaces que les hommes de l'après-guerre croyaient avoir conjurées Ne prenons ce risque à la légère.

Peuples du monde, ensemble nous pouvons construire un avenir meilleur pour tous les hommes.

Il ne dépend que de nous, de notre capacité à être fidèles aux valeurs au nom desquelles nous sommes réunis ici aujourd'hui.

Vous l'avez compris, la France pense que nous n'avons plus le temps d'attendre. La France demande l'action, la France encourage l'action, la France sera au rendez-vous de l'action au service de la paix dans le monde.

Je vous remercie.

Thursday, September 20, 2007

*Allocution de M. Nicolas SARKOZY, Président de la République, à l'occasion de la cérémonie à la mémoire des victimes du terrorisme. *

***Hôtel des Invalides, jardin de l'Intendant, Paris le 19 septembre 2007

Mesdames et Messieurs,

Rien ne peut davantage renforcer ma détermination à lutter implacablement contre le terrorisme que les témoignages que nous venons d'entendre. Comme chacun d'entre nous ici, nous sommes bouleversés à l'évocation de ces moments terribles. Et je n'ai pas attendu d'être Président de la République pour dire que la priorité c'était pour moi les victimes et pas les coupables. Chère Françoise, vous le savez parfaitement, et depuis longtemps, il ne s'agit pas d'un propos de circonstance mais d'une conviction maintes fois martelée et dont j'ai eu parfois à conduire des débats vifs dans notre pays.

L'hommage rendu aujourd'hui aux victimes du terrorisme n'est pas une commémoration de plus. C'est pour cela que j'ai tenu à y être présent en compagnie de la Ministre de l'Intérieur, et de Madame la Garde des Sceaux ainsi que du Secrétaire d'État aux anciens combattants. Il s'agit de rendre justice à la somme indicible de souffrances physiques et morales que cause le terrorisme.

Oui, la mémoire de ces attentats et de leurs victimes est vivante.

Oui, croire la France à l'abri de cette menace serait une illusion dramatique.

Je sais bien que notre pays n'a pas été confronté à des actes terroristes sur son sol depuis plusieurs années. Mais comment croire que ce qui s'est passé à New York, à Madrid ou à Londres ne pourrait pas se passer en France ? Et comment oublier qu'à l'étranger aussi nos compatriotes sont victimes de la terreur ?

A chaque fois qu'un Français, un Américain, un Espagnol, un Marocain ou tout autre personne est tuée ou blessée par un attentat, c'est une part de notre humanité qui se trouve atteinte. Et peu importe la nationalité de la victime, elle est d'abord une victime.

Si le terrorisme ne connaît pas les frontières, j'ai toujours été frappé de constater que la solidarité entre les pays et entre les hommes ne les connaît pas non plus lorsqu'un État subit, sur son territoire, dans sa chair, une attaque terroriste.

Les victimes du terrorisme sont les victimes des actes les plus lâches. Mais à la différence de vos agresseurs, vous n'avez aucune haine. Parce que la haine est stérile, parce que la haine n'apporte rien. Parce que la victime veut la vérité et la justice, pas la vengeance.

Il faut opposer la dignité de vos propos à la violence aveugle dont vous-même avez été victime. Cela s'appelle la réponse de la civilisation à la barbarie. On ne combat pas les terroristes avec les méthodes des terroristes. Et on ne doit pas avoir le même discours que les terroristes. Ce serait leur rendre un trop grand service et un trop grand hommage. La violence et la barbarie, c'est eux, les lâches, c'est eux. Nous, nous devons porter les valeurs de la civilisation, la vérité et la justice.

Vos témoignages, les regards des victimes et de leurs proches que j'ai observés depuis bien des années, tout démontre que le terrorisme nie la qualité d'êtres humains à ses victimes. Et je suis persuadé qu'au-delà des blessures, au delà de la mort, c'est la douleur de ne pas être considéré comme un humain qui est la plus forte.

Les victimes ont longtemps eu l'impression de ne pas avoir de voix, et de ne pas être entendues, dans notre système de justice pénale. Elles ont longtemps eu le sentiment de ne pas avoir le soutien et l'aide nécessaires dans leur quête de justice. C'est une vérité, comme si la victime gênait. Et vous savez parfaitement que ça n'a jamais été ma conception des choses

J'ai toujours placé les victimes au cœur de mes préoccupations. Je n'ai jamais accepté que l'on résume une victime à la pile de papiers d'un dossier administratif. Vous n'êtes ni des numéros, ni des problèmes, vous êtes des êtres humains, à qui bien sûr nous devons solidarité et explications. Je n'ai jamais toléré que l'on puisse considérer les victimes comme des cibles malheureuses d'une fatalité contre laquelle on ne pourrait rien faire. Je ne crois pas à la fatalité. Et je sais parfaitement que les victimes que vous êtes, chacun d'entre nous ici, aurait pu être à vos places.

Les victimes et vous familles sont souvent désespérées à la suite des actes terroristes commis à leur endroit. Il est indécent de tolérer qu'elles puissent se sentir encore plus victimes à cause d'un système qui semble être presque complètement axé sur les criminels ou à cause d'une prise en charge très insuffisante de leur traumatisme et de leur réinsertion. D'ailleurs, dans un État de droit, il est normal que le délinquant ou le criminel ait un avocat à la première minute où s'ouvrent les explications qu'il doit donner sur sa culpabilité, il n'est pas normal que la victime n'ait pas les mêmes droits. Ça fait bien longtemps que je pense que les explications qu'on donne aux délinquants on doit aussi les donner aux victimes.

Madame, je prends l'engagement de traiter une par une les situations que vous allez me soumettre, pour que la solidarité nationale se traduise en actes. Et vous savez parfaitement que je n'ai pas peur de tenir ce discours.

Ce que nous demandent les victimes du terrorisme, c'est de tout faire pour éviter que d'autres soient, à leur tour, victimes.

Je veux être clair : ma détermination contre le terrorisme international comme le terrorisme national est implacable. Je ne ferai aucune concession. Je n'en ai pas fait à l'endroit des cagoulés lâches de la Corse, je n'en ai pas fait, Madame, sur l'ETA. Je n'en ai fait à l'égard de personne.

Vous avez soulevé la question des condamnations prononcées contre les auteurs de l'attentat contre le DC10 d'UTA. Vous savez que la justice n'est bien sûr pas dessaisie par une décision prise par contumace. Personne ne saurait se satisfaire de cette seule issue. Je sais bien que la question des indemnisations ne règle pas tout. Mais enfin, si elle n'avait pas été posée, vous en seriez à juste titre choqués. Et après tout, c'est normal qu'on en parle de cette question de l'indemnisation, qui si elle ne règle pas tout, a son importance. Je ne peux pas mettre sur le même plan des États qui essaient de solder et ceux qui se moquent des conséquences financières. Bien sûr que le règlement financier, ça ne fait pas revenir l'être aimé, absent, mais c'est encore pire lorsque on nie la dimension matérielle du traumatisme que vous recevez.


Et puis je vais vous dire autre chose. J'avais dit dans la campagne électorale que j'irai chercher les infirmières bulgares, et je ne le regrette pas. Parce qu'elles ne sont pour rien dans les souffrances que vous avez connues les unes et les autres. 8 ans et demi en prison, il fallait bien que quelqu'un aille les chercher. Il se trouve que c'était la France. Et c'est l'honneur de la France de l'avoir fait. Et je n'ai pas à m'en excuser. J'ai considéré que ces infirmières bulgares et ce médecin palestinien, ils étaient Français. Parce qu'ils étaient martyrisés et qu'il fallait aller les chercher. Et si d'ailleurs, ça avait été si facile, il ne fallait surtout pas attendre 8 ans et demi pour que ces malheureux subissent ce qu'ils ont subi.


C'est le rôle de la France aussi de tenir ce langage et d'essayer de trouver une solution pour sortir de ce cauchemar. L'affaire du DC10, qui a blessé notre pays au plus profond, n'avait rien à faire dans un enjeu de cette nature.

Je veux dire aussi autre chose. Il nous faut accompagner des États qui furent terroristes dans la direction de la repentance pour ce qu'ils ont fait et de la communauté des nations. Sinon, comment ferons-nous demain pour arrêter l'Iran et tant d'autres ? Comment ferons-nous demain pour éviter d'autres drames de cette nature ? Comment ferons-nous demain pour convaincre à l'instar de ce qui se passe en Corée du Nord, qu'il faut renoncer à des programmes nucléaires militaires si on encourage pas des pays à sortir de la tradition terroriste pour les amener vers la civilisation ? C'est le rôle d'un homme d'État de faire cela aussi.


Quant à la question du nucléaire civil, je suis à votre disposition, chère Françoise, pour en parler. C'est une question extrêmement importante. Mais moi je n'oublie pas une chose, c'est que la Méditerranée c'est quelques centaines de kilomètres. Que si un certain nombre de pays du Sud de la Méditerranée n'ont pas accès au développement avec l'énergie du futur, alors nous créerons pour les générations qui viennent les conditions d'un affrontement terrible de civilisations parce que nous ne leur aurons pas donné les moyens de l'énergie du futur. Sur la misère, sur le désespoir, on construit le terrorisme de demain. En tout cas, je ne serai pas le chef d'État qui expliquera au monde qu'il peut y avoir un conflit entre l'Orient et l'Occident parce que l'un aurait le droit à l'énergie du futur et l'autre non. Ma position ne peut être crédible et cohérente sur le refus de la nucléarisation militaire de l'Iran que parce qu'elle est ouverte sur le nucléaire civil pour des pays qui auront besoin de cette énergie du futur. Et dans mon esprit, croyez moi, il n'y a pas de raison d'état. Et je crois avoir été suffisamment clair sur ce plan et avoir déjà employé un certain nombre de mots, de paroles et de signes qu'on avait oublié depuis bien longtemps..



Je ne suis pas prêt à renoncer à mes principes, à mes valeurs pour un contrat. Mais je veux aussi qu'on comprenne que le rôle d'un homme d'état, c'est de convaincre pour sortir des pays d'attitudes qui ont fait tant de mal à des victimes innocentes.


Ce sont des affaires lourdes que je mènerai dans la transparence totale. Mais c'est ma façon d'être. Je n'ai pas deux discours, l'un à Tripoli, l'autre ici. Je n'en ai qu'un seul, parce que je n'ai qu'une seule conviction c'est qu'il faut aller vers la paix en défendant fortement ses convictions et en hésitant pas à rappeler aux démocraties qu'elles doivent se défendre. De ce point de vue, croyez bien qu'après 4 années comme Ministre de l'Intérieur, j'ai une petite idée de ce qu'il nous faut.

D'abord il faut mettre la naïveté de côté. Et vous savez je ne suis pas de ceux qui pratiquent la langue de bois ni la pensée unique. A tous ceux qui donnent des leçons de droits de l'homme et qui oublient que le premier des droits de l'homme c'est de respecter la victime. Si j'ai demandé à Michèle Alliot-Marie d'engager un plan sans précédent de vidéo surveillance dans nos gares, dans nos aéroports, ce n'est pas pour aller surveiller la vie privée de qui que ce soit, c'est pour éviter d'autres victimes et que si nous avons un problème pour que nous puissions faire à l'instar de ce qu'ont fait remarquablement les anglais arrêter les coupables. J'aimerais que quand on parle de ces questions si sérieuses on évite cette pensée unique qui est blessante pour les victimes.


Il en va de même pour les fichiers qui sont absolument indispensables pour l'action de police et pour l'action judiciaire. Il en est de même pour le renseignement, qui est l'arme la plus efficace contre le développement sur notre territoire de réseaux. Il en est de même pour la conservation des données informatiques. Il en est de même pour la lutte contre le financement du terrorisme. Il en est de même pour la centralisation et la spécialisation des poursuites, de l'instruction et du jugement des infractions terroristes. Quant à la coopération internationale, Françoise, vous avez raison d'en souligner l'importance. Mais je veux dire une chose. A quelques très rares exceptions, cela fonctionne de façon remarquable.

Je donnerai la priorité à la prévention des actions terroristes.

C'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'ai demandé à Michèle Alliot-Marie de réunir au sein d'une même direction centrale du renseignement intérieur la DST et les renseignements généraux. Croyez moi, ça heurte bien des habitudes, une nouvelle fois ! Mais je ne peux pas accepter qu'il y ait plusieurs services de renseignements avec la déperdition des énergies que cela représente

Face à un adversaire qui n'est pas identifié, dont les réseaux sont atomisés, la cohésion de nos services de renseignements doit être parfaite. C'est ce que met en œuvre Michèle Alliot-Marie avec mon soutien total.

Je veux aller plus loin, et donc doter la France d'un système plus efficace de vidéosurveillance. La loi du 23 janvier 2006 relative à la lutte contre le terrorisme permet aux lieux de cultes, aux grands magasins d'implanter des caméras sur la voie publique bordant leurs bâtiments. Quel fameux combat cela fût pour obtenir cela.

Mais lorsque je compare notre réseau à celui de la Grande-Bretagne où, depuis 1990, plus de 4 millions de caméras ont été installées, je me dis que nous devons faire beaucoup mieux pour accroître notre vigilance. Et que chacun prenne ses responsabilités. Que ceux qui sont contre osent le dire et viennent expliquer pourquoi ils sont contre.

Au pays de l'habeas corpus, nul ne met en cause ce dispositif. Qui n'aura noté avec quelle rapidité les auteurs des attentats terroristes qui ont secoué ce grand pays qu'est l'Angleterre, ont été identifiés et arrêtés dans des délais record ? On ne va pas venir m'expliquer qu'une caméra de vidéosurveillance pose des problèmes de vie privée. A qui ? Quand on mesure les droits de l'Homme, il faut porter bien cette question : les droits de la victime innocente ne peuvent pas être mis sur le même plan.

On me reproche de trop changer les lois. J'entends et je lis de bonnes âmes selon lesquelles «trop de lois nuit à la loi».

Qu'est-ce que ça signifie ? Que cherche-t-on à préserver ? Le code pénal ou les vies humaines ? Le Journal Officiel ou l'intégrité physique des victimes ? Qui est au service de l'autre ?

Je proposerai au gouvernement de François Fillon, de changer les lois à chaque fois que je pense que cela est nécessaire et efficace pour la sécurité de nos compatriotes. Ce n'est pas quelque chose sur lequel je transigerai, ni aujourd'hui, ni demain.

Face à une menace mouvante mais bien réelle, nous devons sans cesse adapter, oui adapter, notre système policier et notre système judiciaire. Parce qu'un système figé, qui n'évolue pas, c'est sans doute très confortable pour la pensée unique, mais c'est la garantie de l'inefficacité. Qu'il me soit permis après vous, Françoise, de rendre hommage aux forces de police gendarmerie qui ont fait un travail absolument remarquable. J'aimerais qu'on les tienne éloignés d'un certain nombre de polémiques.

Et vous le savez, je ne suis pas naïf. Les lois, encore faut il les appliquer et y consacrer les moyens nécessaires. C'est pourquoi je veux insuffler cette culture du résultat qui manque trop à la France. Je demande d'ailleurs d'être jugé sur les mêmes critères, y compris, par vous et par votre association. A chaque fois que vous êtes venu me voir, quelque furent mes responsabilités, j'ai toujours répondu présent, et fait avancer les dossiers, y compris, lorsque cela était difficile.

Je veux agir maintenant, parce que j'estime que nous n'avons pas le temps et que je ne veux pas avoir à prononcer les mots : «trop tard», comme si souvent je l'ai entendu faire dans un certain nombre de démocraties.

Bien sûr, le combat ne saurait se limiter au territoire national. La construction de l'Europe anti-terroriste est pour la France une priorité.

Si j'ai décidé de refaire de la France un élément moteur de la construction européenne, c'est parce que je suis bien convaincu de la nécessité de la coopération pénale, Madame le Garde des Sceaux.

Nous nous sommes dotés d'institutions européennes : Europol, Eurojust. Moi je vais vous dire ce que j'en pense : ce sont de belles structures, mais elles ne donnent pas les résultats que nous sommes en droit d'attendre d'elles. Le partage d'informations avec nos partenaires européens n'est pas suffisamment entré dans notre culture.

Je veux que la France soit au cœur de cette coopération internationale. Je sais combien nos enquêtes peuvent être ralenties par une entraide pénale internationale insuffisante ? C'est un scandale à mes yeux qu'il ait fallu 10 ans pour obtenir l'extradition de Rachid Ramda ; et nous demandons au Canada l'extradition d'Abdellah Ouzghar depuis plus de 7 ans. Je sais bien qu'il faut progresser là-dessus. Croyez bien que je comprends ce que peut apporter à une victime un procès et le visage du criminel en face.

Comment lutter contre des terroristes qui utilisent toutes les innovations technologiques quand certains de nos partenaires exigent encore que les demandes d'extradition soient scellées par de la cire rouge ?

Rapidité, réactivité, et en même temps je sais bien que cette lutte, je le dis aux magistrats qui sont ici, doit se faire dans le respect de nos valeurs.

L'oublier serait donner la victoire suprême aux ennemis de la civilisation.

Il nous faut agir, prévenir, mais ne jamais donner prise aux discours que développent les terroristes pour justifier l'injustifiable.

Il n'y aura jamais de justification aux actions terroristes. Jean-Paul II a dit avec raison « La prétention qu'a le terrorisme d'agir au nom des pauvres est une flagrante imposture ». Certains se laissent prendre aux mauvaises explications des idéologies tiers-mondistes, anticolonialistes ou du combat Nord-Sud.

Cet angélisme là, je ne crains pas de le dire, il peut être criminel. Expliquer le terrorisme, justifier le terrorisme, comprendre le terrorisme, c'est tout simplement quand on essaye d'expliquer l'inexplicable, que l'on se préparer à excuser l'inexcusable.

Mesdames et Messieurs, vous l'avez compris, je suis ému de me trouver avec vous aujourd'hui, cela était ma place. Au milieu de ceux qui ont souffert et qui souffrent. Au milieu de ceux qui ont perdu un proche et dont la souffrance est toujours aussi grande.

Bien sûr, c'est ma responsabilité de Président de la République de rendre hommage avec vous, ici, aux victimes. Mais permettez moi de dire que c'est d'abord et avant tout mon devoir d'homme.

Car ce qui nous réunit tous aujourd'hui, c'est l'affirmation que nos valeurs d'humanisme ne sont pas les faiblesses que croient ces assassins, mais bien la force qui nous conduira à les vaincre et à construire ce monde plus juste et plus sûr que nous voulons pour nos enfants.

Chère Françoise, Mesdames et Messieurs, je vous remercie.

Wednesday, September 19, 2007

***Les géants de la presse américaine passent au gratuit sur Internet ***

*** La décision du site du New York Times de rendre gratuit l'intégralité de son contenu en ligne fait du bruit outre-Atlantique. Rupert Murdoch envisage de faire la même chose pour le Wall Street Journal.
Ce matin, les abonnés Internet du New York Times ont trouvé dans leur messagerie électronique une lettre en forme de justification dans laquelle Vivian Schiller, general manager du site web, leur explique les raisons du revirement du quotidien.

A minuit, le site est devenu entièrement gratuit- à la petite exception des archives datées de 1923 à 1986 - alors que, depuis deux ans, la consultation des éditoriaux et des articles passés était facturée 50 dollars par an. Mais 227.000 abonnés seulement ont souscrit un abonnement à Times Select, générant 10 millions de dollars de recettes. « Le web a évolué vers un environnement de plus en plus ouvert. Les lecteurs peuvent trouver de l'information auprès de sources beaucoup plus nombreuses», explique Vivian Schiller. Un nombre « inattendu » d'internautes arrive ainsi sur le site du New York Times via les moteurs de recherche (Yahoo, Google). Et ils ne sont pas prêts à payer pour consulter des articles. La gratuité devrait permettre de les fidéliser et de gagner encore en audience pour un site qui a déjà 13,1 million de visiteurs uniques par mois, selon Nielsen/Net Ratings, et est numéro 1 de sa catégorie. De quoi attirer les annonceurs.... American Express a déjà signé un accord de partenariat pour rafler les premiers espaces redevenus gratuits du site.

C'est aussi pour mieux exploiter la manne publicitaire que Rupert Murdoch a annoncé, hier, qu'il envisageait la gratuité du site du Wall Street Journal, en contradiction avec la stratégie menée depuis 1996. Le nouveau propriétaire du groupe Dow Jones juge qu'après une période d'adaptation, les nouvelles recettes publicitaires compenseront largement les 65 millions de dollars de recettes des abonnements payants. « Le passage au gratuit permettrait d'augmenter le trafic de 1 million de visiteurs payants actuels à 10 à 15 millions de visiteurs gratuits parmi les personnes les plus riches et les plus influentes de la planète, cela a de la valeur», assure Murdoch.

Ces dernières années, le Los Angeles Times et le magazine Slate du Washington Post avaient déjà changé de modèle économique après deux ans d'abonnements payants dans l'espoir de récupérer leur lectorat ayant fui vers des sources gratuites. Finalement, seul le Financial Times se permet encore de faire payer les internautes, fort de ses contenus spécialisés. Ses abonnements payants ont même progressé de +12% entre juin 2006 et juin 2007…

Isabelle Lesniak, à New York

L'Expansion
19/09/2007

***Partenaires et concurrents: les conflits dans les relations économiques***



***La France protège ses entreprises nationales contre les investisseurs étrangers. Les marchés allemands sont ouverts et hostiles aux interventions politiques. Henrik Uterwedde révise ces opinions courantes et propose, comme alternative, un patriotisme économique européen.

La France et l'Allemagne entretiennent des liens particulièrement étroits en matière d'investitions et de commerce. 2 700 entreprises allemandes et 1 400 firmes ou filiales françaises sont installées dans le pays voisin. Les deux pays représentent les économies les plus importantes de la zone euro. Ils représentent aussi un modèle économique et social continental européen qui cherche un équilibre entre le marché et la réglementation. Pour toutes ces raisons, une véritable communauté d'intérêts existe entre les deux nations qui aiment par ailleurs se désigner elles-mêmes comme étant "le moteur" de l'intégration européenne.

Seulement voilà: le deux pays ne sont non seulement des partenaires, mais aussi des concurrents. L'ambiguïté de cette relation est devenue plus que jamais visible dans l'histoire des deux grands consortiums franco-allemands Aventis et EADS, qui jouaient jadis le rôle de modèles quand il s'agissait de priser la bonne coopération bilatérale. Dans ces deux affaires, l'amitié franco-allemande, maintes fois louée, a été rudement mise à l'épreuve par des intérêts politiques nationaux divergents.

La société pharmaceutique franco-allemande Aventis, née de la fusion de la société Hoechst avec Rhône-Poulenc, a connu certaines turbulences en 2004. Alors que la direction était pour une coopération avec l'entreprise suisse Novartis, le gouvernement français, du ministre des finances jusqu'au Président de la République, a exercé une forte pression, qui a abouti par imposer une décision "française" (la reprise par Sanofi-Synthelabo). Dans ce contexte, la création d'une grande société française pharmaceutique a été désignée comme "stratégique pour la France" par le Premier ministre alors en exercice, Jean-Pierre Raffarin. Il n'a pas été question des intérêts allemands. Le gouvernement allemand a été gardé à l'écart du contentieux, et s'est vu réduit au rôle de spectateur impuissant.

Cette expérience, vécue de manière négative par les Allemands, a eu des répercussions, lorsque la "société modèle" franco-allemande EADS a été à son tour victime de nouveaux remous les mois derniers. L'entreprise a souvent été affichée comme le bon exemple de la coopération industrielle entre les deux pays et de la construction concluante d'une industrie aéronautique européenne forte. Des problèmes techniques et des retards de plusieurs mois dans la délivraison du nouveau modèle A380 ont été à la base de cette crise de l'entreprise. Les nombreux sites de production et la structure d'une direction doublée franco-allemande, entre autres, ont causé des problèmes de côut et d'efficience au sein de l'entreprise. Dans l'analyse des causes et dans la recherche de solutions pour surmonter la crise, les controverses franco-allemandes ont pris de l'ampleur et menaçaient même de dégénérer. Les discussions sur la structure à adopter pour la nouvelle direction, mais aussi sur le choix des sites de production n'étaient plus menées par l'entreprise elle-même mais dans les hautes sphères de la politique. Cette fois-ci, c'était le tour de l'Allemagne, qui ayant gardé un mauvais souvenir de la politique unilatérale française dans l'affaire Aventis, a multiplié les pressions en faveur d'une stricte parité franco-allemande dans la résolution des questions concernant la direction de la société, l'adaptation des structures et le choix des sites rentables.

Le conflit semble être réglé pour l'instant, mais depuis, l'ambiance entre les deux pays est caractérisée par la méfiance. Les deux côtés se reprochent mutuellement leur "nationalisme" et chaque prise de décision chez EADS est scruté pour détecter qui est le "gagnant" et qui le "perdant" : en somme, des comptes d'apothicaire qui passent à côté des vrais problèmes de gestion et de compétitivité de l'entreprise. Autant il est vrai que sans la coopération politique entre les deux nations Airbus et l'EADS n'existeraient pas aujourd'hui, autant l'intervention systématique de la politique nationale dans les affaires internes de l'entreprise est problématique pour l'avenir d'EADS. Il est souhaitable qu'à long terme on trouve une structure actionnariale et un modèle de direction capables d'épargner à l'entreprise une trop grande politisation qui pourrait lui être fatale.

Cependant les différences d'intérêts ne représentent qu'une partie du problème. En ce qui concerne la culture économique des deux pays, des fossés semblent se creuser. La France est dans la tradition du colbertisme, qui veut que l'intérêt national exige du pouvoir la protection des producteurs nationaux par tous les moyens disponibles. Les hommes politiques français, tous bords confondus, sont largement d'accord pour dire qu'un tel patriotisme économique est un devoir de tout gouvernement. Le fait que les voisins soient irrités par cette attitude, que la Commission européenne critique "le discours nationaliste" de la politique française et que le "Financial Times" (du 3 mars 2006) s'amuse à parler de la "ligne Maginot pour les entreprises françaises" n'impression guère les responsables français, au contraire : toutes ces réactions semblent renforcer leur détermination de poursuivre une telle politique. Le Président Sarkozy défend cette forme de patriotisme économique en faveur des consortiums nationaux avec une ferveur particulièrement farouche. C'est ainsi que l'été 2007 Sarkozy a fusionné le grand groupe public Gaz de France avec la société privée Suez et qu'il a annoncé d'autres démarches dans le même sens afin, dit-il, de "protéger les marchés et les groupes" français.

L'Allemagne a une toute autre tradition économique. Les marchés ouverts et l'indépendance des entreprises sont d'une importance primordiale, tandis que la méfiance vis-à-vis des interventions politiques directes, ayant pour objectif l'intérêt "national", est très répandue. Cela n'empêche pas, dans la pratique, la mise en œuvre de certaines formes subtiles de politique industrielle dans les Länder, par exemple. Aussi, l'étroite alliance entre l'industrie et les banques a su, plus ou moins tacitement, jusqu'aujourd'hui, préserver les grands groupes allemands d'une prise de contrôle étrangère ("Deutschland AG"). L'économie allemande est beaucoup moins ouverte aux capitaux étrangers que la française. Le grand débat actuel autour des "fonds souverains" contrôlés ou gérés par certains Etats, et d'éventuelles répercussions néfastes de ceux-ci sur les entreprises allemandes montre que le public allemand réagit de façon de plus en plus sensible face à une possible influence d'intrus indésirables et que la politique envisage de prendre des mesures de protection appropriées.

Au fond les positions sont moins controverses qu'elles ne le semblent au premier abord. Car derrière la fanfare de trompettes du patriotisme économique français, la pratique reste, elle, bien plus modérée et n'est même pas si différente de celle d'autres États comme, par exemple, de celle des Etats-Unis. Et inversement, le discours libéral allemand cache souvent des pratiques interventionnistes. Toutefois les questions à savoir dans quelle mesure l'économie peut être politisée et jusqu'où les marchés doivent rester ouverts suscitent régulièrement des divergences entre Berlin et Paris.

Conclusion : La logique nationale de confrontation inhérente au « patriotisme économique » est un vrai poison, non seulement pour les relations franco-allemandes, mais aussi pour l'économie européenne. Le conflit autour de EADS nous a montré que la création de groupes franco-allemands par voie politique mène à une impasse. Les deux gouvernements ont mieux à faire : par exemple, établir des règles communes pour une "économie sociale de marché européenne", ou surmonter les obstacles structurels à l'émergence d'une économie de la connaissance performante. C'est ainsi qu'ils pourraient promouvoir, au meilleur sens du terme, un patriotisme économique européen.


Henrik Uterwedde
Eurotopics

"Le retard de livraison sur le nouveau Airbus A 380 a été lié à la politisation de l'entreprise franco-allemande"Photo: AP

*Olaf Cramme : sur l'engagement politique des Européens*

***Royaume-Uni - Open Democracy

Olaf Cramme, directeur du think tank progressiste Policy Network, considère que "les dirigeants actuels de l'UE rejettent l'idée de citoyenneté européenne, un concept qui exige que les individus doivent affirmer qu'ils comprennent et partagent la propriété du mécanisme central de leur société. (...) Cela, en retour, nécessite que les citoyens en arrivent à voir la direction politique comme l'expression définitive de leur croyance dans la réalité du choix et du changement.

La gestion technocratique de l'Europe, en contraste, proclame le caractère inévitable des développements et de leur dynamique - et éloigne ainsi les individus de la citoyenneté et à terme, de l'idée même d'intégration européenne. Pire, l'absence de choix amplifie le sentiment d'insécurité, menant à une arène politique où le faux populisme apparaît de plus en plus tentant. La montée des démagogues à travers l'UE, et de différentes parties du spectre politique, prouve cela."

Eurotopics
(17.09.2007)

Monday, September 17, 2007

*Le patriotisme économique : une menace pour le marché européen ?*


***Depuis 2005, en politique économique européenne, circule le concept de patriotisme économique. Quelques gouvernements s'immiscent dans des OPA ou des fusions transnationales. Cette attitude protectionniste porte-t-elle préjudice au marché européen – et, du même coup, aux économies nationales ?

C'est l'ancien Premier ministre français Dominique de Villepin qui, en 2005, donna naissance au concept de patriotisme économique; il s'agissait alors d'éviter la vente du groupe alimentaire français Danone à PepsiCo, le fabricant américain de sodas.

Une année plus tard, le gouvernement intervenait avec succès contre le rachat du groupe énergétique franco-belge Suez par l'entreprise italienne Enel, en favorisant la fusion de Suez avec un autre géant français, Gaz de France. Depuis, en France, onze secteurs de l'industrie ont été déclarés domaines stratégiques; ce qui autorise le gouvernement à intervenir, dans l'"intérêt de la sécurité de l'État", contre une OPA par des acheteurs étrangers.

"En France, le centralisme économique de l'État n'est pas considéré comme un anachronisme en pleine économie globale, mais comme l'application de la loi de 'l'avantage comparatif' selon Adam Smith"; c'est ainsi que, en mars 2006, le politologue français Dominique Moisi expliquait le penchant des Français pour le patriotisme économique: "Mettre en jeu le critère de patriotisme crée de la confusion dans les débats. Les grands groupes français peuvent-ils être bons pour l'Europe, et les grands groupes européens mauvais pour la France ? L'idée paraît difficile à vendre."

Les règles de la concurrence bafouées

"De façon générale, je considère qu'il n'est pas obscène que les gouvernements (...) posent des questions sur le concept industriel qui sous-tend une OPA ou une fusion", déclarait le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker dans une interview à Libération le 24 mars 2006, défendant ainsi les élans de patriotisme économique des Luxembourgeois contre le groupe indien Mittal dans l'affaire Arcelor. La même logique prévaut dans les "répercussions qu'une OPA peut avoir pour une région ou un pays (...)", continue Juncker qui précise sa position : "On ne peut pas réduire l'Europe à un simple marché."

Oui, mais l'objectif déclaré de l'UE, c'est de renforcer la concurrence européenne. Le marché intérieur européen existe depuis 1993; en vertu de l'article 14 du traité de la Communauté européenne, sont garanties les libertés de circulation des personnes, des marchandises, des services et des capitaux. Pourtant, l'ouverture des marchés européens s'est avérée difficile; il n'existait aucune réglementation officielle homogène pour les OPA. Ce n'est qu'en 2005 que la Commission européenne promulgua à leur sujet une directive qui était censée donner de la transparence aux processus de fusions transnationales – par exemple au droit de décision des actionnaires ou au devoir d'information de l'entreprise.

Le "bacille du patriotisme économique" n'a pas la même virulence dans tous les pays européens. Ces dernières années, des fusions transnationales tout à fait réussies ont été annoncées: le britannique Vodafone a acheté le groupe allemand de téléphonie mobile Mannesmann, Linde, le fabricant allemand de gaz industriels, a avalé son concurrent britannique BOC et l'italien Unicredito s'est assuré l'allemand Hypovereinsbank (HVB).

Des icônes nationales

Ce dernier rachat irrita néanmoins l'État polonais, car aussi bien Unicredito que HVB détenaient des parts dans des banques polonaises. Grâce à la fusion, Unicredito devenait le groupe bancaire le plus puissant de Pologne. Sur ce, le gouvernement polonais réclama qu'Unicredito se dessaisisse de ses parts polonaises.

Anna Slojewska, correspondante du journal polonais Rzeczpospolita à Bruxelles, condamna la politique de son gouvernement dans cette affaire : "Nous sommes prêts à nous battre pour l'ouverture des marchés du travail et l'assouplissement de la directive sur les services dans la 'vieille' Europe, car nous y voyons une chance pour nos entreprises. Mais nous refusons de renoncer à notre droit d'ingérence lorsque des banques étrangères menacent d'entrer sur le marché polonais."

L'exemple polonais montre qu'il existe aussi une tendance à la re-nationalisation de l'économie dans les anciens pays communistes. Récemment, la Hongrie a essayé de protéger son groupe pétrolier MOL contre une OPA par son concurrent autrichien OMV, en lui permettant d'acheter en masse ses propres actions et de les mettre à l'abri dans des entreprises amies.

Le 12 juillet 2007, dans le quotidien hongrois Népszabadság, László Varró justifiait les mesures protectionnistes de son gouvernement : "Le rachat de MOL par OMV serait antilibéral, car une entreprise publique rachèterait un groupe privé. Une structure du marché fondée sur la libre concurrence serait ainsi monopolisée."

Les pays libéraux : Grande sans grands groupes

La Grande-Bretagne, en revanche, compte au nombre des pays libéraux de l'UE qui sont ouvertement en faveur d'investisseurs étrangers. Ces dernières années, de nombreux groupes britanniques ont été rachetés par des firmes étrangères, comme le rapporte le 25 juillet 2007 le quotidien autrichien Die Presse dans un article dressant un état des lieux. Le journal en arrive à la conclusion que cela n'a pas porté préjudice à la situation de la Grande-Bretagne : "Londres est la seule place financière européenne capable de faire le poids face à New York."

Et voici le commentaire flegmatique que suscita dans le Guardian le rachat par le groupe allemand Linde de l'entreprise britannique BOC : "Ce qui est fascinant, c'est que presque aucune inquiétude nationale ne se manifeste. Quel contraste avec d'autres parties de l'Europe, où il existe un regain de nationalisme économique désireux de protéger les 'champions nationaux', et ce surtout dans des pays qui se montrent très dynamiques quand il s'agit de mettre la main sur les services britanniques. De ce point de vue, la Grande-Bretagne est bien plus 'européenne' que les autres membres de l'UE, car elle accepte le marché ouvert quand ceux-ci se barricadent."

Renforcement des entreprises moyennes

Jusqu'ici, l'attitude libérale n'a pas non plus porté tort à la Suède. L'experte économique Claudia Kemfert expliquait pourquoi lors d'une émission de radio de Julia Elvers-Guyot du 28 février 2006 : c'est que l'Angleterre et la Scandinavie ont commencé à privatiser le marché de l'énergie plus tôt que d'autres pays. "Dans ces deux pays, on avait des marchés qui fonctionnaient bien, avec une multitude de petites entreprises et ce, bien avant le vote des directives européennes."

C'est ainsi que, le 18 octobre 2006, le journal suédois Sydvenska Dagbladet sonna lui-même la fin de la procédure quand la firme allemande MAN, dans la partie de poker visant l'achat du constructeur de poids lourds Scania, revit son offre à la hausse : "Si le protectionnisme s'étend en Europe, la Suède doit essayer de le combattre plutôt que de l'imiter. Le nationalisme économique et la stagnation vont souvent de pair. (...) La solution n'est pas de nous accrocher à nos géants, mais de faire en sorte que des petites et moyennes entreprises s'installent chez nous."

Des "actions dorées" comme remède ?

Aucun doute, la Commission européenne tente de s'opposer aux tendances nationalistes de certains pays membres en matière d'économie ; toutefois, une autre tendance se dessine à l'encontre des OPA extra-européennes : le 19 septembre 2007, la Commission, l'œil sur la libéralisation et la déstructuration du marché de l'énergie européen, va présenter un concept censé protéger le secteur énergétique contre les investisseurs et les fonds publics venant de pays n'appartenant pas à l'UE. Le Financial Times Deutschland version allemande expliquait à ce sujet, le 30 août 2007 : "Ce qu'il y a là derrière, c'est la peur que la Russie ou des États pétroliers arabes, via des groupes contrôlés par l'État tel Gasprom ou des fonds publics pesant des milliards, ne prennent le contrôle de l'approvisionnement énergétique de l'UE et ne mettent ainsi en danger la sécurité de cet approvisionnement."

"En vertu de ce concept, des droits spéciaux vont être accordés dans les entreprises aux États-nations et à la Commission européenne. Avec une seule action, les responsables politiques pourront bloquer les rachats d'entreprises dans les 'secteurs sensibles' ", expliquait Franz Schellhorn le 24 juillet 2007 dans le journal autrichien Die Presse, en critiquant cette orientation : "Sous le couvert de 'protection du pays face aux capitaux étrangers', les gouvernements d'Europe risquent fort de ramener le continent à une époque que l'on pensait révolue, celle des nationalisations et du protectionnisme. Accorder aux États une 'action dorée', ce n'est rien d'autre que déposséder de facto des investisseurs privés."

Européanisation des groupes

La discussion sur l'attitude à adopter vis-à-vis des fonds publics non-européens vient de commencer, attisée par la peur de concurrents surpuissants comme la Chine ou d'un marché globalisé sur lequel l'Europe devient de plus en plus petite, et par la crainte de perdre de la valeur ou des emplois. On peut comprendre ces peurs, estime l'expert économique Nicolas Véron, du think tank bruxellois indépendant Bruegel, mais, en revanche, les recettes prônées par les politiques passent à côté de la réalité politique et économique.

Il y a bien longtemps que les grands groupes se sont européanisés, relève Véron, interprétant une étude de son institut. Seulement trois firmes européennes sur huit ont réalisé leur chiffre d'affaires dans le pays où elles sont implantées. L'entreprise Danone, soi-disant française, ne fait par exemple que 22 pour cent de son chiffre d'affaires en France et moins de 14 pour cent de l'ensemble de ses salariés y travaillent.

"La tendance générale ne laisse aucune ambiguïté", écrit Véron et il avertit du danger qui consiste à l'ignorer : "Le plus grand risque est que cet écart croissant entre la perception des entreprises comme étant 'nationales' et la réalité de l'européanisation ne mène à des stratégies politiques totalement délirantes."

Sabine Seifert
Eurotopics

L'entreprise suédoise Scania a rejeté l'offre hostile à 9,6 milliards d'euros de l'entreprise allemande MAN.
Photo: AP

Sunday, September 16, 2007

*Communiqué de presse : Réunion Informelle ECOFIN (disponible l'original en anglais)‏*

***European Union Finance Ministers and Central Bank Governors gathered at an informal meeting in Porto on 14-15 September.

In the meeting, chaired by Fernando Teixeira dos Santos, Minister of State and Finance, the following subjects were discussed: Quality of public finances - the modernization of public administration and its impact on competitivenessMinisters and Governors had a debate on the quality of public finances, focusing on the relevance of the modernisation of public administration for both expenditure efficiency and overall competitiveness. The topic is among the priorities of the Portuguese Presidency of the European Union. Member States have been implementing wide-ranging reforms of public sector management practices. These reforms are leading to an increased focus on performance, a re-design of roles and responsibilities, a greater use of ICT and improved human resource management frameworks. Mr. Wilhelm Molterer, Austrian Minister of Finance, made a comprehensive presentation of his country’s experience in this domain. These reforms recognise that public expenditure management resting on principles of efficiency and effectiveness is key for competitiveness. This is so not only in view of the weight of the public sector in the European economies, but also because a leading role of the public sector in promoting the quality of governance and best practices can generate significant positive spillover effects on the private sector. Michael Klein, Vice-President of the World Bank, leader of the “Doing Business” project, was a guest speaker at the meeting. He made convincingly the point that a modern and efficient public administration and better regulation will translate into higher growth and employment levels. In spite of the major gains to be expected, the experience of Member States shows that reforms aimed at the modernisation of public administration face important challenges that should not be underestimated. Challenges include the need to gather broad support for the reforms and keeping the reform momentum, as well as the operational difficulties in the measurement of public sector efficiency and evaluation of reforms. These are areas where learning from others’ experience may be particularly useful, namely as a way to allow for benchmarking. A number of avenues for future work on the quality of public finances have emerged from the debate. Ministers acknowledged the importance of the modernisation of public administration for expenditure control and for competitiveness and growth. Public administration reform thus contributes to the achievement of both the objectives of the Stability and Growth Pact and of the Lisbon agenda, and should therefore be subject to regular and systematic monitoring at EU level. Ministers also reaffirmed that improving the measurement of expenditure efficiency and effectiveness is of utmost relevance and encouraged the Commission and the Member States to pursue work in these areas. Economic and financial situationMinisters and Governors debated the economic situation and the current period of volatility and re-appraisal of risk in global financial markets, triggered by the difficulties in the US subprime mortgage market. A common Statement was issued following the discussion (Annex). While recognizing that the current financial market volatility and its possible implications for global credit conditions heightened uncertainties and downside risks to the outlook for growth, Ministers and Governors underlined that macro economic fundamentals in the EU are strong and that most projections see euro area real GDP growth in the second half of 2007 and in 2008 in line with potential growth. Also, EU financial institutions are sound and resilient and can weather the current episode of financial-market volatility. Preliminary lessons to be drawn from the current episode were also debated. It was considered that the EU regulatory and supervisory framework is sound and that the Capital Requirement Directive now being implemented and on-going work on Solvency II Directive will reinforce it further. However, while enhancing market efficiency, financial innovation also raises obvious challenges to the regulatory and supervisory authorities. In this context, the Economic and Financial Committee (EFC) will review, alongside our international partners, how to further improve transparency of complex financial instruments, of institutions and vehicles, as well as how to improve valuation processes, risk management and liquidity stress testing. They will also consider the role of rating agencies in structured finance. Developing EU arrangements for financial stabilityMinisters and Governors discussed the financial stability arrangements in the EU as part of the objectives to obtain the full benefits from financial integration. Following the work priorities decided in Helsinki in September 2006 and the outcome of the meeting in Berlin last April, the discussion focused on further steps in developing the arrangements for cross-border financial stability within the EU based on recommendations by the EFC. The Ministers and Governors welcomed that the EU Member States have continued to progress in developing their national arrangements for financial stability and co operation between Supervisory Authorities, Central Banks and Finance Ministries. Ministers and Governors agreed on further work priorities to be taken at the EU and national level. The main actions are as follows. First, The Memorandum of Understanding (MoU) signed in 2005 between EU Banking Supervisory Authorities, Central Banks and Finance Ministries on co-operation and information exchange will be extended to include common principles in the field of financial stability, agreed today; a common analytical framework for the assessment of systemic implications of a potential crisis; and common practical guidelines. Second, authorities in different Member States that share common interests regarding financial stability are encouraged to develop voluntary specific cooperation agreements. Third, possible improvements will be examined to facilitate information exchange and cooperation among authorities and to enhance the tools that are necessary in preserving cross-border financial stability. Formal adoption of the outcome of the meeting shall take place at the next Ecofin Council meeting in October. Improving cross-border post-trading arrangements in EuropeMinisters and Governors reviewed the state of play of the ongoing initiatives to improve efficiency, integration and safety and soundness of post trading arrangements in Europe, reinforcing its significance in making a single European securities market a reality. Some progress has already been achieved in certain key areas, namely by the implementation of the industry Code of Conduct on clearing and settlement signed in November 2006. Ministers and Governors have also been informed on the developments with regard to the European Central Bank's initiative to set up TARGET2-Securities; the work on dismantling the fiscal and legal barriers to securities market integration (the Giovannini barriers); and also the efforts of the European System of Central Banks and the Committee of European Securities Regulators to promote the safety and soundness of European post trading arrangements. Ministers welcomed the results already achieved but continued to stress the need for further substantial progress in this field to promote an efficient European market infrastructure for clearing and settlement of securities transactions. International Monetary Fund governance issuesMinisters and Governors discussed the reform of quotas and voice of the IMF. The need to reach an agreement by the upcoming October Annual meetings of the IMF/ World Bank was underlined, as it will contribute to enhance the Fund’s legitimacy. In this context, Ministers and Governors agreed on the need to increase the aggregate quotas share of more dynamic emerging economies. Specific aspects related to the second stage of the quotas revision orienting the EU common position have also been discussed. The EU will continue to play an important role in contributing to find a consensus on these matters.

***ANNEX - Porto, 14 September 2007 Informal ECOFIN Meeting - Statement by Ministers and Governors

We discussed the economic situation and financial market developments. We are experiencing a period of volatility and re-appraisal of risk in global financial markets, triggered by difficulties in the subprime mortgage market in the United States. However, macro economic fundamentals in the EU are strong. World growth is robust, with sustained dynamism in emerging economies and in Europe expected to continue to balance the slowdown in the US. Healthy corporate profitability and continued improvement of labour market conditions should provide on-going support to domestic demand. After several years of high profitability in a financial environment of historically low credit spreads, our financial institutions are sound and resilient and can weather the current episode of financial-market volatility. Looking ahead, the current financial market volatility and its possible implications for global credit conditions imply heightened uncertainties and downside risks to the outlook for economic growth. Nevertheless, going forward, most projections see euro area real GDP growth in the second half of 2007 and in 2008 as being in line with potential growth. We are, in cooperation with supervisory authorities, monitoring closely developments in financial markets and the economy. We also discussed preliminary lessons to be drawn from recent financial-market volatility. Our regulatory and supervisory rules are sound, and the Capital Requirement Directive now being implemented as well as on-going work on Solvency II Directive, should reinforce our framework further. Financial innovation enhances market efficiency but also raises obvious challenges to the regulatory and supervisory authorities. In this context, we asked the EFC to review alongside our international partners how to further improve transparency of complex financial instruments, of institutions and vehicles as well as how to improve valuation processes, risk management and liquidity stress testing. They will also take a closer look at the role of rating agencies in structured finance.

EU2007.PT

Friday, September 14, 2007

*Faune et flore : Plus de 16 000 espèces menacées de disparition dans le monde*

*** Le faucon pèlerin a le statut de menacé par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada.

Plus de 16 300 espèces sur la Terre sont actuellement menacées de disparition. C’est la conclusion à laquelle en arrive l’Union Mondiale pour la Nature (UICN), qui publie aujourd’hui ce qu’elle appelle sa Liste rouge annuelle.
Cette liste répertorie désormais plus de 41 500 espèces en danger, dont 16 306 sont carrément menacées d’extinction (contre 16 118 l’année dernière). Le nombre total d’espèces éteintes atteint maintenant le chiffre de 785 et 65 autres n’existent qu’en captivité ou en culture. Parmi la liste, on retrouve des grands singes, des vautours, des dauphins, des algues, des coraux, des poissons, des reptiles et des plantes de toutes sortes.

En fait, un mammifère sur quatre, un oiseau sur huit, un tiers de tous les amphibiens et 70 pour cent de toutes les plantes qui se retrouvent dans la liste rouge de l’UICN sont en péril. Ce document est largement reconnu comme étant l’évaluation la plus fiable sur le statut des espèces de la planète.

L’étude de l’UICN conclut que les efforts déployés à ce jour pour protéger la vie sur terre sont insuffisants, et qu’il en va de notre propre survie, puisque nos vies sont intimement liées au sort de la diversité biologique.

Canoë Yvon Laporte
Agence Nomade
12/09/2007 16h15

Wednesday, September 12, 2007

*Le patriotisme économique : une menace pour le marché européen ?*


*** Depuis 2005, en politique économique européenne, circule le concept de patriotisme économique. Quelques gouvernements s'immiscent dans des OPA ou des fusions transnationales. Cette attitude protectionniste porte-t-elle préjudice au marché européen – et, du même coup, aux économies nationales ?

C'est l'ancien Premier ministre français Dominique de Villepin qui, en 2005, donna naissance au concept de patriotisme économique; il s'agissait alors d'éviter la vente du groupe alimentaire français Danone à PepsiCo, le fabricant américain de sodas.

Une année plus tard, le gouvernement intervenait avec succès contre le rachat du groupe énergétique franco-belge Suez par l'entreprise italienne Enel, en favorisant la fusion de Suez avec un autre géant français, Gaz de France. Depuis, en France, onze secteurs de l'industrie ont été déclarés domaines stratégiques; ce qui autorise le gouvernement à intervenir, dans l'"intérêt de la sécurité de l'État", contre une OPA par des acheteurs étrangers.

"En France, le centralisme économique de l'État n'est pas considéré comme un anachronisme en pleine économie globale, mais comme l'application de la loi de 'l'avantage comparatif' selon Adam Smith"; c'est ainsi que, en mars 2006, le politologue français Dominique Moisi expliquait le penchant des Français pour le patriotisme économique: "Mettre en jeu le critère de patriotisme crée de la confusion dans les débats. Les grands groupes français peuvent-ils être bons pour l'Europe, et les grands groupes européens mauvais pour la France ? L'idée paraît difficile à vendre."

Les règles de la concurrence bafouées

"De façon générale, je considère qu'il n'est pas obscène que les gouvernements (...) posent des questions sur le concept industriel qui sous-tend une OPA ou une fusion", déclarait le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker dans une interview à Libération le 24 mars 2006, défendant ainsi les élans de patriotisme économique des Luxembourgeois contre le groupe indien Mittal dans l'affaire Arcelor. La même logique prévaut dans les "répercussions qu'une OPA peut avoir pour une région ou un pays (...)", continue Juncker qui précise sa position : "On ne peut pas réduire l'Europe à un simple marché."

Oui, mais l'objectif déclaré de l'UE, c'est de renforcer la concurrence européenne. Le marché intérieur européen existe depuis 1993; en vertu de l'article 14 du traité de la Communauté européenne, sont garanties les libertés de circulation des personnes, des marchandises, des services et des capitaux. Pourtant, l'ouverture des marchés européens s'est avérée difficile; il n'existait aucune réglementation officielle homogène pour les OPA. Ce n'est qu'en 2005 que la Commission européenne promulgua à leur sujet une directive qui était censée donner de la transparence aux processus de fusions transnationales – par exemple au droit de décision des actionnaires ou au devoir d'information de l'entreprise.

Le "bacille du patriotisme économique" n'a pas la même virulence dans tous les pays européens. Ces dernières années, des fusions transnationales tout à fait réussies ont été annoncées: le britannique Vodafone a acheté le groupe allemand de téléphonie mobile Mannesmann, Linde, le fabricant allemand de gaz industriels, a avalé son concurrent britannique BOC et l'italien Unicredito s'est assuré l'allemand Hypovereinsbank (HVB).

Des icônes nationales

Ce dernier rachat irrita néanmoins l'État polonais, car aussi bien Unicredito que HVB détenaient des parts dans des banques polonaises. Grâce à la fusion, Unicredito devenait le groupe bancaire le plus puissant de Pologne. Sur ce, le gouvernement polonais réclama qu'Unicredito se dessaisisse de ses parts polonaises.

Anna Slojewska, correspondante du journal polonais Rzeczpospolita à Bruxelles, condamna la politique de son gouvernement dans cette affaire : "Nous sommes prêts à nous battre pour l'ouverture des marchés du travail et l'assouplissement de la directive sur les services dans la 'vieille' Europe, car nous y voyons une chance pour nos entreprises. Mais nous refusons de renoncer à notre droit d'ingérence lorsque des banques étrangères menacent d'entrer sur le marché polonais."

L'exemple polonais montre qu'il existe aussi une tendance à la re-nationalisation de l'économie dans les anciens pays communistes. Récemment, la Hongrie a essayé de protéger son groupe pétrolier MOL contre une OPA par son concurrent autrichien OMV, en lui permettant d'acheter en masse ses propres actions et de les mettre à l'abri dans des entreprises amies.

Le 12 juillet 2007, dans le quotidien hongrois Népszabadság, László Varró justifiait les mesures protectionnistes de son gouvernement : "Le rachat de MOL par OMV serait antilibéral, car une entreprise publique rachèterait un groupe privé. Une structure du marché fondée sur la libre concurrence serait ainsi monopolisée."

Les pays libéraux : Grande sans grands groupes

La Grande-Bretagne, en revanche, compte au nombre des pays libéraux de l'UE qui sont ouvertement en faveur d'investisseurs étrangers. Ces dernières années, de nombreux groupes britanniques ont été rachetés par des firmes étrangères, comme le rapporte le 25 juillet 2007 le quotidien autrichien Die Presse dans un article dressant un état des lieux. Le journal en arrive à la conclusion que cela n'a pas porté préjudice à la situation de la Grande-Bretagne : "Londres est la seule place financière européenne capable de faire le poids face à New York."

Et voici le commentaire flegmatique que suscita dans le Guardian le rachat par le groupe allemand Linde de l'entreprise britannique BOC : "Ce qui est fascinant, c'est que presque aucune inquiétude nationale ne se manifeste. Quel contraste avec d'autres parties de l'Europe, où il existe un regain de nationalisme économique désireux de protéger les 'champions nationaux', et ce surtout dans des pays qui se montrent très dynamiques quand il s'agit de mettre la main sur les services britanniques. De ce point de vue, la Grande-Bretagne est bien plus 'européenne' que les autres membres de l'UE, car elle accepte le marché ouvert quand ceux-ci se barricadent."

Renforcement des entreprises moyennes

Jusqu'ici, l'attitude libérale n'a pas non plus porté tort à la Suède. L'experte économique Claudia Kemfert expliquait pourquoi lors d'une émission de radio de Julia Elvers-Guyot du 28 février 2006 : c'est que l'Angleterre et la Scandinavie ont commencé à privatiser le marché de l'énergie plus tôt que d'autres pays. "Dans ces deux pays, on avait des marchés qui fonctionnaient bien, avec une multitude de petites entreprises et ce, bien avant le vote des directives européennes."

C'est ainsi que, le 18 octobre 2006, le journal suédois Sydvenska Dagbladet sonna lui-même la fin de la procédure quand la firme allemande MAN, dans la partie de poker visant l'achat du constructeur de poids lourds Scania, revit son offre à la hausse : "Si le protectionnisme s'étend en Europe, la Suède doit essayer de le combattre plutôt que de l'imiter. Le nationalisme économique et la stagnation vont souvent de pair. (...) La solution n'est pas de nous accrocher à nos géants, mais de faire en sorte que des petites et moyennes entreprises s'installent chez nous."

Des "actions dorées" comme remède ?

Aucun doute, la Commission européenne tente de s'opposer aux tendances nationalistes de certains pays membres en matière d'économie ; toutefois, une autre tendance se dessine à l'encontre des OPA extra-européennes : le 19 septembre 2007, la Commission, l'œil sur la libéralisation et la déstructuration du marché de l'énergie européen, va présenter un concept censé protéger le secteur énergétique contre les investisseurs et les fonds publics venant de pays n'appartenant pas à l'UE. Le Financial Times Deutschland version allemande expliquait à ce sujet, le 30 août 2007 : "Ce qu'il y a là derrière, c'est la peur que la Russie ou des États pétroliers arabes, via des groupes contrôlés par l'État tel Gasprom ou des fonds publics pesant des milliards, ne prennent le contrôle de l'approvisionnement énergétique de l'UE et ne mettent ainsi en danger la sécurité de cet approvisionnement."

"En vertu de ce concept, des droits spéciaux vont être accordés dans les entreprises aux États-nations et à la Commission européenne. Avec une seule action, les responsables politiques pourront bloquer les rachats d'entreprises dans les 'secteurs sensibles' ", expliquait Franz Schellhorn le 24 juillet 2007 dans le journal autrichien Die Presse, en critiquant cette orientation : "Sous le couvert de 'protection du pays face aux capitaux étrangers', les gouvernements d'Europe risquent fort de ramener le continent à une époque que l'on pensait révolue, celle des nationalisations et du protectionnisme. Accorder aux États une 'action dorée', ce n'est rien d'autre que déposséder de facto des investisseurs privés."

Européanisation des groupes

La discussion sur l'attitude à adopter vis-à-vis des fonds publics non-européens vient de commencer, attisée par la peur de concurrents surpuissants comme la Chine ou d'un marché globalisé sur lequel l'Europe devient de plus en plus petite, et par la crainte de perdre de la valeur ou des emplois. On peut comprendre ces peurs, estime l'expert économique Nicolas Véron, du think tank bruxellois indépendant Bruegel, mais, en revanche, les recettes prônées par les politiques passent à côté de la réalité politique et économique.

Il y a bien longtemps que les grands groupes se sont européanisés, relève Véron, interprétant une étude de son institut. Seulement trois firmes européennes sur huit ont réalisé leur chiffre d'affaires dans le pays où elles sont implantées. L'entreprise Danone, soi-disant française, ne fait par exemple que 22 pour cent de son chiffre d'affaires en France et moins de 14 pour cent de l'ensemble de ses salariés y travaillent.

"La tendance générale ne laisse aucune ambiguïté", écrit Véron et il avertit du danger qui consiste à l'ignorer : "Le plus grand risque est que cet écart croissant entre la perception des entreprises comme étant 'nationales' et la réalité de l'européanisation ne mène à des stratégies politiques totalement délirantes."

Sabine Seifert
Eurotopics