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Saturday, October 13, 2007

***Nobélisé, Al Gore ne devrait pas se lancer dans la course présidentielle ***


***Confirmé par un Nobel de la paix dans son rôle de chef de file mondial de la lutte contre le réchauffement climatique, Al Gore voit du coup se réveiller les spéculations sur son éventuelle entrée en lice dans la très embouteillée course démocrate à l'investiture pour la prochaine présidentielle.
Ses conseillers assurent pourtant que le prix Nobel n'augmente pas la probabilité que l'ancien vice-président américaine se jette dans la mêlée démocrate, probabilité «extrêmement lointaine», selon l'un d'eux. Ca serait même plutôt l'inverse: vu la stature internationale désormais acquise, pas question de la gâcher. En tous cas pas en 2008.

«Cela aidera clairement à faire de sa campagne sur le changement climatique une campagne encore plus importante, et il aura une voix encore plus forte», explique Donna Brazile, sa directrice de campagne en 2000: «pour le moment, il est "le citoyen Al Gore" et je crois qu'il est à l'aise» dans ce rôle.

Et «Citizen Al» n'a que 59 ans. Suffisamment jeune pour pouvoir repenser à la Maison Blanche en 2012. Pour l'instant, ce n'est pas «dans ses projets», pourrait-il répéter encore et encore, même si ses conseillers excluent que dans les prochains jours, il dise tout net que non, il ne mènera pas la bataille de 2008.

Nombreux sont pourtant ceux qui le supplient de le faire. «J'ai appelé Al Gore pour l'exhorter à être candidat tellement de fois», expliquait l'ancien président démocrate Jimmy Carter sur NBC. «La dernière fois, il a fini par me dire, "monsieur le président, s'il vous plaît ne m'appelez plus"». Et Jimmy Carter d'ajouter: «je peux au moins le faire indirectement via la presse»... Sur Internet aussi, les pro-Gore accumulent milliers de dollars, pétitions et lettres ouvertes pour essayer de le convaincre.

Les conseillers de Gore dressent le tableau du pour et du contre.

Pour, il n'y a certes pas de meilleur endroit d'où lutter contre le réchauffement climatique que la Maison Blanche. Surtout après un président comme George W. Bush qui a traîné les pieds, attentif surtout aux lobbies industriels et n'ayant admis que récemment la responsabilité de l'espèce humaine dans la crise du climat.

Pour, Al Gore a l'argent et la gloire nécessaires pour lancer une campagne sérieuse. Il est devenu riche après avoir quitté la vice-présidence en investissant sur Internet, son documentaire «Une vérité qui dérange» a récolté un Oscar et un Emmy.

Pour, il n'est pas convaincu que les candidats actuellement en lice soient suffisamment engagés sur le réchauffement climatique.

Contre, il sait qu'il est un peu tard pour entrer dans un cycle politique qui a pris forme sans lui, les sondages donnant les électeurs démocrates satisfaits des personnalités en lice. Une campagne perdante ou sous la ceinture risquerait d'attenter durablement à son image d'homme au-dessus de la politique, occupé à un combat plus noble, celui de l'avenir de la planète.

Contre encore, et c'est un trait de son caractère, Al Gore n'a guère de coeur pour les batailles politiques ardues, une raison qui firent de lui le perdant face à George W. Bush en 2000.

En outre, il y a le facteur Hillary. Si les candidats démocrates actuels risquent d'accueillir Al Gore comme un chien dans un jeu de quilles, c'est particulièrement le cas pour l'ex-First Lady, qui caracole en tête du pack démocrate. Du temps de la Maison Blanche, les relations étaient crispées Mme Clinton et le vice-président de son mari. Puis ils se disputèrent le titre d'héritier de Bill Clinton pour leurs ambitions politiques respectives: Al Gore fut candidat en 2000, c'est aujourd'hui le tour d'Hillary.

Quant NBC lui demandait cette semaine si elle s'attendait à devoir être confrontée à Gore pour la bataille de la primaire démocrate, la sénatrice de New York a répondu froidement: «vous savez, je crois que nous avons de grands candidats en course. Nous avons un panel merveilleux».

Et, sur le site Web de la campagne d'Hillary, vendredi, on pouvait lire: «Félicitations!» à Al Gore, accompagné d'une photo de l'ancien vice-président et de propos plus qu'élogieux à son égard. Mais, juste à côté, télescopage de mise en page peut-être, figurait un petit encadré indiquant les «Huit choses que vous pouvez faire» pour aider Mme Clinton à devenir présidente...

Associated Press (AP) Ron Fournier
13/10/2007

*Photo AP/Jeff Chiu

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