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Tuesday, November 27, 2007

***Les européens ont-ils raison de réclamer une réévaluation du yuan?***

***Le président de la BCE, celui de l’Eurogroupe et le commissaire européen aux affaires économiques se sont rendus à Pékin pour convaincre les autorités chinoises de réévaluer le yuan. Pour l’économiste Patrick Artus, cette demande est « imprécise et dangereuse ».

Explications

Faut-il vraiment espérer le succès des représentants de la zone euro ? Le patron de la Banque centrale européenne, celui de l’Eurogroupe et le commissaire européen aux affaires économiques se sont rendus mardi à Pékin, pour une démarche inédite. Durant deux jours, ils s’efforceront de convaincre les autorités chinoises de réévaluer le yuan. L’Europe, tout comme les Etats-Unis, reprochent à la Chine d’entretenir artificiellement la faiblesse de sa monnaie dans le but d’avantager ses exportations. Ce qui se traduit pour les pays occidentaux, accusent-ils, par un déficit commercial bilatéral de plus en plus important.

« L’intérêt de cette visite est d’ajouter le poids de l’Europe à celui des Etats-Unis qui jusqu’à présent étaient les seuls à faire pression sur Pékin », expliquait récemment sur notre site Henri Sterdyniak, économiste à l’OFCE. Lundi, Nicolas Sarkozy a également abordé la question monétaire lors de sa visite d’Etat. Le président français a demandé à son homologue chinois « un taux de change harmonieux et honnête ». « Dans son propre intérêt, la Chine devrait accélérer l’appréciation du yuan vis-à-vis de l’euro », a-t-il plaidé. Mais en guise de réponse, Nicolas Sarkozy a essuyé un refus poli. Son homologue Hu Jintao a laissé entendre que la Chine déciderait de l’appréciation du yuan « à son propre rythme ».

Est-ce une catastrophe pour autant ? Nombre d’économistes, au contraire, jugent la demande des dirigeants européens « imprécise et dangereuse », selon les mots de Patrick Artus. Parce qu’elle pourrait bien provoquer un « effondrement du dollar », sans rien changer à la hausse de l’euro. Economiste chez Natixis, Patrick Artus a analysé la politique de la Banque centrale chinoise, dans une étude publiée mardi. Jusqu’en 2005, Pékin maintenait une parité fixe du yuan avec le billet vert en achetant massivement des bons du Trésor américain. Depuis cette date, la monnaie chinoise est arrimée à un panier de devises. Pour renforcer leur monnaie vis-à-vis du dollar, les autorités chinoises ont diversifié leurs actifs et achètent de moins en moins de titre américains.

La poursuite de cette démarche, autrement dit « l’arrêt du soutien du dollar par les banques centrales conduirait à un effondrement du dollar y compris vis-à-vis de l’euro. Il n’est donc pas du tout dans l’intérêt des Européens de réclamer une plus grande flexibilité du régime de change en Chine », insiste Patrick Artus. Selon lui, « la seule contribution efficace de la Banque centrale de Chine serait d’acheter moins de titres en euros et d’avantage de titres en dollars, c’est à dire de cesser de traiter l’euro comme une monnaie de réserve ». Soit revenir à ce qu’elle faisait auparavant. D’autant que le bénéfice d’une réévaluation du yuan n’a rien d’évident. La Chine se caractérise par ses très bas salaires. Aussi, « son avantage compétitif est tel qu’il faudrait de très fortes hausses du taux de change du yuan pour que l’équilibre commercial se reconstitue » avec les Etats-Unis et l’Europe, faisait remarquer récemment le directeur des études du Crédit agricole, Jean-Paul Betbeze.

L'Expansion
27/11/2007

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