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Saturday, February 28, 2009

***Twitter échappera-t-il à Google ?***

***John Battelle, fin connaisseur de Google, juge le rachat de Twitter indispensable.

Explications.

Google ne pouvait pas mieux tomber. Mercredi soir, le moteur de recherche a envoyé son premier message officiel sur Twitter, une suite de nombres binaires masquant un message codé : « j'ai de la chance ». En quelques minutes, la nouvelle a fait le tour du site et s'est propagée sur les blogs. Jeudi midi, le compte de Google était suivi par plus de 12.000 autres utilisateurs de Twitter, et Yahoo, déjà sur place, lui souhaitait la bienvenue.

Cette information circulant à la vitesse de l'éclair, voilà justement la raison pour laquelle Google « ne peut pas se permettre de ne pas posséder Twitter », écrivait mercredi John Battelle sur son blog, peu avant la création de ce compte officiel. Ce journaliste américain connaît bien son sujet : il a consacré un livre entier à décrypter la stratégie du moteur de recherche. Selon lui, Google se retrouve face à Twitter dans la même situation qu'il y a trois ans, lorsqu'il a acheté YouTube pour 1,65 milliard de dollars.

Un défi pour les algorithmes de Google
Les similitudes sont en effet nombreuses entre ces parangons du web 2.0. Les deux services reposent sur une forte communauté et permettent d'appréhender l'information en temps réel, grâce à leur moteur de recherche. Bien en évidence sur YouTube, ce moteur est en passe d'être mieux valorisé par Twitter, qui compte aussi sur de nombreuses applications externes. Des sites tels que TweetNews ou Twitturly, par exemple, isolent les liens et les actualités partagés le plus souvent par les membres.

Des « googlers » sur Twitter
Plusieurs employés de Google étaient déjà présents sur Twitter bien avant la création du compte officiel. C'est le cas de Matt Cutts (voir ci-contre), ou de Jeff Huber, vice-président chargé de l'ingénierie. Les équipes de YouTube, de Blogger et de Google Reader, ont aussi leur Twitter.

Faces aux algorithmes de Google, ce réseau humain constitue un vrai défi. « Google peut indexer des données en quelques secondes », assurait récemment Matt Cutts, responsable de la lutte anti-spam chez Google. Mais c'est sur Twitter, pas sur Google News, que l'on pouvait suivre mercredi les premières informations sur le crash d'un Boeing de la Turkish Airlines. Des attentats de Bombay à l'élection d'Obama, en passant par le bug de Gmail, les exemples comparables abondent.

« Google veut sûrement vraiment, vraiment racheter Twitter », veut donc croire John Battelle, pour qui « YouTube = Twitter ». Qui pourrait réellement l'en empêcher ? Facebook a bien proposé 500 millions de dollars en actions cet automne, mais Twitter a refusé, jugeant sa valorisation plus proche de 5 milliards de dollars. Depuis, les relations se sont tendues. Facebook s'est ainsi montré plus agressif à l'encontre de son rival, tentant de développer un service comparable.

Beaucoup d'argent, peu de frais
Le contexte économique n'est cependant pas très favorable à de très grosses opérations de ce type. Car Google a une sérieuse tendance, ces derniers mois, à réduire la voilure. Jaiku et Dodgeball, des services à peu près comparables à Twitter, ont été mis sur la touche il y a peu. Le monde virtuel Lively, les plates-formes publicitaires à la radio, à la télévision et dans la presse, ont connu le même destin.

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Or, Twitter ne gagne pas encore le moindre centime. Les pages des membres, de même que leurs « tweets », ne contiennent aucune publicité. Et les plans annoncés, pour « commencer à bâtir des produits générant des recettes », selon le co-fondateur Biz Stone, sont encore vagues. YouTube, pour lequel Google est toujours à la recherche d'une réelle source de revenus, était dans la même situation.

Il existe cependant une différence de taille. Twitter, et ses messages de 140 caractères, n'a pas les mêmes coûts de fonctionnement que YouTube, tout heureux de s'adosser à Google pour stocker ses vidéos. Avec une récente levée de fonds de l'ordre de 35 millions de dollars, il a même les moyens de vivre sereinement durant plusieurs années. Le site, en pleine croissance, a donc tout loisir de repousser d'autres avances.

Benjamin Ferran
L'Expansion
26/02/2009

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